Compte rendu de lecture : « Médiation numérique des savoirs »

Sherpas modernes, les auteurs nous guident dans un parcours d’observation et de réflexion pour saisir les enjeux du bibliothécaire délaissant son rôle de gardien du savoir et devenant médiateur des savoirs. Ils dépeignent un paysage numérique dans lequel les usages informationnels constatés se déplacent de la recherche, la requête et l’accès vers le flux, la découverte et le partage des savoirs. Les auteurs définissent la médiation numérique des savoirs comme étant une médiation des connaissances se situant dans la dimension numérique et profitant du potentiel multiplicateur qu’elle recèle. Ils démontrent que la médiation et la recommandation, posées dans le paradigme de la longue traîne sont en accord avec les principes marchands, donc viables. Pragmatiques, ils présentent des dispositifs (flux, ponctuel et passerelle) qu’ils placent dans un cadre de gestion du changement. Ils concluent que la bibliothèque peut adopter, formaliser et pratiquer la médiation numérique des savoirs en utilisant les dispositifs adaptés et en s’inscrivant dans des usages réels des connaissances afin de satisfaire un besoin d’information de la communauté.

L’ouvrage est accessible, clair, convaincant et sa lecture stimulante. On y fait rarement référence à des idées qui ne sont pas décrites dans le texte lui-même. Les sujets, les idées, les concepts sont présentés par leurs caractéristiques essentielles, souvent en trio. Des métaphores justes éclairent le propos, notamment la lecture pollinisatrice d’Internet. Les références sont variées : américaines, françaises, québécoises, etc. On couvre plusieurs dimensions : sociale, technique, stratégique, etc. On présente diverses opinions, parfois opposées. Cette lecture variée procure une satisfaction intellectuelle et rend le propos convaincant. La densité du texte permet une lecture brève et stimulante qui demande une attention soutenue.

La médiation est un sujet d’actualité et son étude est d’une importance cruciale pour les bibliothèques confrontées aux crises sociales, économiques et professionnelles possibles dues au contrôle de l’accès, aux mesures de protection techniques et à la logique économique d’exclusivité qui briment les citoyens dans leur droit à l’information. Les auteurs prônent pour les bibliothèques la place de maison des communs du savoir afin d’encourager « les citoyens à produire à partager de nouveaux savoirs et ainsi à développer leur capacité à contribuer, à transmettre, à gérer et à défendre par eux-mêmes ces biens communs de la connaissances.»

L’ouvrage est un apport original et important à la discipline. L’originalité du propos viendrait de l’accent mis sur la médiation des connaissances dans le flux du numérique et non pas sur la valorisation de la médiation des savoirs numériques ou de la culture numérique. Autre apport important : les auteurs joignent en maillage étroit les enjeux et les dispositifs de la médiation numérique des savoirs. Le lecteur se voit présenter des dispositifs de médiation qui sont à sa portée, qu’il peut saisir afin de découvrir et partager les savoirs et s’insérer dans une communauté.

Ainsi, en médiation numérique des savoirs, le bibliothécaire médiateur se trouve à guider l’usager, l’amateur, le citoyen du monde vers les savoirs, les communs et les communautés d’intérêt afin d’élargir ses horizons.

Disponible en France à la Librairie du Québec à Paris